Qu'est-ce que le névrosisme, ce trait de caractère dangereux pour notre santé physique et mentale ?

Marie Ordioni 17 juin 2024
Mis à jour le 18 juin 2024

Vous aussi vous êtes la pessimiste, la négative, l'aigrie de votre bande ? Alors ne prenez surtout pas le risque de vous laisser engloutir par le névrosisme et lisez ce qui suit.

Tiens… On s’est levées du pied gauche. ENCORE. Ça nous arrive souvent, en ce moment. Tout le temps, même. Maintenant qu’on y réfléchit, ça ne date pas d’hier. On a toujours eu tendance à être pessimistes. De celles qui voient le verre à moitié vide plutôt que plein. Qui baissent les bras avant même de les lever. Préfèrent abandonner la course plutôt que tout donner.

Ce trait de caractère, il n’est pas à prendre à la légère. Au contraire. Il porte même un nom : le névrosisme. "Selon Eysenck, dimension de la personnalité correspondant à l'anxiété et à la labilité émotionnelle.", définit le Larousse. Issu du célèbre test de personnalité big five - ou OCEAN -, il désigne le fait d’être négatif et ce, dans n’importe quelle situation. Une facette de notre caractère souvent bien ancrée, pouvant rapidement impacter notre bien-être, mais que l’on peut malgré tout réussir à dompter. Interrogé par Femme Actuelle, Pierre Bordaberry, docteur en psychologie et psychothérapeute, nous éclaire sur le sujet…

 
 
 
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Le névrosisme, c’est quoi ?

Avis à toutes les personnes négatives : promis, vous n’êtes pas toutes seules. On est même nombreuses. Nombreuses a toujours voir le mauvais côté de chaque situation, dire tout le temps "non", casser les délires de notre entourage… Super. Nous qui nous sentions jusqu’ici fréquemment seules dans notre vision de la vie. Voilà que l’on est maintenant des milliers. Quel bonheur.

Trêve de sarcasme et second degré - mieux vaut toujours en rire qu’en pleurer… -, le névrosisme présente évidemment des risques. "Les personnes à névrosisme élevé ont plus tendance à être tendues, anxieuses, instables, à ruminer, à se mettre en colère et à être impulsives. Il existe quelques liens avec des caractéristiques plus positives comme la créativité et l'imagination mais globalement le névrosisme est lié à une expérience négative de la vie.", explique le professionnel. Jusqu’à, parfois, développer des troubles, et s’éloigner de la réalité pour s’enfermer dans une bulle de négativité. Mauvais cocktail pour notre santé mentale.

D’ailleurs, à terme, ce trait de personnalité peut même aller jusqu’à impacter notre santé physique. "Un esprit sain dans un corps sain" : si dans notre tête, tout est noir, notre organisme ne peut qu’en pâtir. "Pour résumer, le névrosisme diminue la qualité de vie et la longévité. C'est un axe important pour les chercheurs qui cherchent à comprendre les processus derrière le névrosisme et sa négativité. L'une de leurs explications serait la différence dans ce qu'ils appellent les self-generated thoughts (les pensées générées automatiquement par notre cerveau sans contrôle conscient). Les personnes à haut névrosisme auraient des pensées automatiques plus abstraites, faisant des liens plus originaux, ce qui augmenterait leur créativité mais "pourriraient" aussi plus le moment présent avec des évènements passés désagréables ou des prédictions anxieuses.", détaille l’expert. Pourrir le moment présent et détériorer nos relations avec autrui. Faire de nous des personnes solitaires. Pour finalement, nous conforter dans notre vision négative de la vie.

Comment s’en délivrer ?

La solution ? Faire face. Et ne surtout pas fuir. En effet, on peut finir par choisir d’éviter les situations sources d’émotions négatives pour ne plus en ressentir… Mais ce  n’est pas la clé. "Ce comportement d'évitement empêche d'apprendre à gérer les émotions négatives et ne permet pas de réduire le névrosisme.", affirme Pierre Bordaberry. Pour sa part, le docteur nous oriente vers les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC)"Depuis dix ans, on commence à développer des programmes TCC visant à modifier ce trait de personnalité en analysant la façon d'envisager le monde et de vivre l'aspect négatif de ce dernier.", poursuit-il. Il s’agit d’un traitement psychothérapeutique dont l’objectif est d’apprendre à ses patients à identifier et modifier leurs schémas de pensées dérangeants ou destructeurs.

Enfin, il préconise également des séances de méditation en pleine conscience, méthode anti-stress qui stimule notre système immunitaire. "Les programmes de pleine conscience permettent de bloquer les pensées négatives générées par le passé ou les prédictions anxieuses.", termine l’expert. Et cette fois, on ne se dit pas que ça ne fonctionnera pas avant même d’essayer : ON FONCE.

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Tags : santé, psychologie, personnalité, Santé Mentale

Marie Ordioni
Rédactrice

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