Vous faites un burn-out de la vie ? Arrêtez de précrastiner

Erine Viallard 20 septembre 2024, 09h00

Vous vous sentez vide ? Épuisée ? Vous n'arrivez plus à vous lever le matin ? Peut-être que vous en faites trop et c'est sûrement de la faute de la précrastination. On vous explique.

La précrastination, ça ne vous dit rien ? C’est cette fâcheuse tendance à tout faire dans l’immédiat, comme éliminer les tâches de sa liste, et ce, bien avant qu’elles ne soient urgentes ou nécessaires. Au premier abord cette rapidité d’exécution pourrait faire rêver, mais elle serait aussi néfaste que la fameuse procrastination. Ce phénomène qui, au contraire - et non à l’inverse - fait repousser au maximum les devoirs et obligations, créant ainsi une accumulation (qui n’aide pas).

Mais voilà, cette précipitation constante n’est pas sans conséquence. En cherchant à tout gérer trop rapidement, l’esprit s’épuise. Le besoin compulsif de ne rien laisser traîner devient une course contre la montre qui, petit à petit, use les nerfs et les ressources mentales. Tout comme la procrastination entraîne une charge mentale par accumulation, la précrastination, elle, génère une pression continue. Le cerveau, constamment sollicité, n'a plus de répit.

Les études montrent d’ailleurs que ce besoin de finir les tâches au plus vite pourrait être motivé par une volonté de se débarrasser de l'inconfort des tâches en suspens. Une manière de libérer de l’espace mental, mais qui finit par créer un surmenage. D’autant plus que cette course effrénée n’offre que peu de satisfaction durable : une tâche terminée en appelle une autre, et ainsi de suite, sans fin. Il est donc essentiel de réapprendre à respirer entre deux actions, à hiérarchiser sans céder à cette urgence illusoire.

Pour nous aider, Elise Lecornet, psychologue du travail, a répondu à nos questions. Et face aux peu d'informations sur le sujet, son expertise nous a été d'une grande aide.

 

La précrastination appelle au burn-out

Dans un monde professionnel de plus en plus rapide et exigeant, la précrastination peut sembler être un atout, comme le souligne Elise Lecornet : “La précrastination est peu pointée du doigt car elle est perçue comme une qualité”. La rapidité est souvent associée à la productivité et l'efficacité, ce qui peut valoriser les comportements de ceux qui cherchent à anticiper et à accomplir les tâches sans attendre. Cependant, cette quête incessante de l'immédiateté présente des risques importants. À long terme, cela peut conduire à un épuisement professionnel, voire un burn-out. C'est pourquoi la précrastination est un véritable sujet, elle a de réelles répercussions négatives sur le bien-être mental et la carrière professionnelle.

S’agissant de la performance professionnelle, la précrastination n’en est pas une, au contraire elle porte défaut. “Précrastiner c’est se débarrasser des tâches mais pas forcément dans un bon ordre ni correctement.” explique la psychologue. Achever une mission c’est une chose, la faire en bonne et due forme, en est une autre. 

Se précipiter c’est s’épuiser

La précrastination a été définie par une expérience - menée par le psychologue David Rosenbaum - où des étudiants devaient transporter un seau d'eau entre une ligne de départ et une ligne d'arrivée. Ils avaient le choix entre des seaux situés à différentes distances. Étonnamment, la majorité a choisi les seaux les plus proches du point de départ, nécessitant ainsi plus d'effort pour les transporter. Cette préférence pour la tâche immédiate, même si elle demande plus de travail, illustre la tendance à vouloir finir vite, parfois au détriment de l'efficacité et de l’effort.

Pourquoi la précrastination est-elle dangereuse ?

Doucement, le danger de la précrastination se souligne et alerte les psychologues. L’illusion de la productivité est la problématique même de ce phénomène. L’obsession de tout faire rapidement peut donner l’impression d’être productif alors que cela conduit à l’épuisement. Un épuisement généralement banalisé par la fatigue d’une journée de travail riche et dite réussie - si les missions sont accomplies. La précrastination surcharge constamment le cerveau en incitant à accomplir rapidement des tâches, ce qui entraîne des efforts constants et inutiles.

Cette précipitation fatigue les ressources cognitives en priorisant l'immédiateté plutôt que l'efficacité. Comme le dit l’experte : ”Faire une tâche, c’est s’en débarrasser. Sinon, elle sera toujours dans un coin de la tête - la mémoire opérationnelle - ce qui crée de la charge mentale.” Une Todo liste est infinie pour un précrastinateur, l’ennemi juré pour sortir de l’eau et vider cette mémoire opérationnelle. L’envie de rayer ces tâches de la liste nuit à la priorisation de celles-ci. Bonjour le cercle vicieux du “lister-achever-rayer”.

Comment reconnaître les signes de la précrastination ?

Si définir la précrastination et ses dangers ne suffit pas, voici les trois signes pour l'identifier. Premièrement le signe distinctif, celui du comportement. Toujours vouloir finir les tâches à l’avance, être facilement interrompu - pour retirer une notification par exemple - ne pas savoir prioriser et avoir du mal à dire stop. Deuxièmement les signes émotionnels qui se résument au stress constant, à ce sentiment de devoir toujours être “en avance” et à cette insécurité face à l’accumulation.

Enfin ceux qui ne trompent pas : les signes physiques comme la fatigue chronique, les tensions musculaires, les maux de tête et les insomnies - très révélateurs que votre cerveau ne sait pas se mettre en pause. Si ces signes se répètent, n'attendez pas et agissez contre la précrastination .

Les stratégies pour réduire la précrastination et prévenir le burn-out

“Tout d’abord il est nécessaire d’accepter l’imperfection, celle de ne pas tout faire. Dur à faire, mais des tâches il y en a en continu donc dire “stop” et procrastiner en quelque sorte, est primordiale.” conseil Elise Lecornet, psychologue. Pour réduire la précrastination, voici une Todo liste saine.

1. Prioriserr pour mieux gérer votre temps, il est important de planifier et de trier les tâches à accomplir. 2. Le mot d’ordre ou plutôt l’exercice à faire : Déléguer les tâches. N’hésitez pas, déléguer n’est pas un signe de faiblesse, il est normal de ne pas pouvoir tout faire et en se fixant des limites, le seul moyen de les respecter c’est de déléguer certaines tâches.3. Dire non, refuser c’est connaître ses capacités et prévenir l’épuisement. Ne vous surestimez pas et ne vous ajoutez pas plus de pression.

Vers une gestion équilibrée des priorités

Pour éviter l’épuisement et trouver un rythme de travail plus sain, il est essentiel de réévaluer notre rapport aux priorités. La précrastination nous enferme dans une spirale d’urgence illusoire et d’insatisfaction permanente. Il ne s’agit pas de tout faire vite, mais de faire ce qui est important au bon moment, tout en laissant de l’espace pour respirer et préserver son équilibre mental. “Tenir un bullet journal pour mettre à l’écrit ce qui occupe notre esprit et donc se décharger mentalement” est un bon moyen de se libérer de la pression, comme nous le partage l’experte. Cultiver cette gestion équilibrée des tâches, permet non seulement de mieux performer, mais surtout de préserver sa santé à long terme.

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Tags : santé, psychologie

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