Le génie de la mode réside dans l’art de réussir à nous faire adorer, acheter, porter ce que l’on critiquait six mois passés. On l’a d’ailleurs bien vu avec les ballerines : longtemps condamnées, elles ne quittent à présent plus nos pieds d’une semelle. Face aux tendances, on n’a plus aucune conviction. On pourrait remettre en question tout ce à quoi on croit pour une seule occasion. Mais ne nous flagellons pas. Cela ne fait pas de nous des girouettes mais des fashionistas ouvertes. Après tout… Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, non ?
Plus rien n’a de limites ni frontières. Le beau devient moche et le beauf, ultra-stylé. Au plus grand plaisir des boutiques de souvenirs qui, depuis quelques saisons, se font dévaliser. Car si pendant longtemps, le t-shirt de touriste était considéré comme "plouc", il a aujourd’hui clairement réussi à redorer son image dans l’imaginaire collectif.
Le t-shirt de touriste : I love le beauf
Tout a commencé il y a quelques années, avec le come-back des Y2K. Lorsque toutes les tendances de notre enfance, sur lesquelles on a tant craché durant des années, ont finalement opéré un retour en puissance… Vengeance. S’en sont suivis les crop tops beaucoup trop moulants, jeans beaucoup trop tailles basses et strings beaucoup trop apparents. Avec cela, des t-shirts à inscriptions que l’on portait à l’époque pour faire passer un message à notre crush - sans succès -. Des smileys tout droit sortis de MSN. Des strass et paillettes. Et puis des cœurs, aussi. Partout. Ça y est, nous y étions : la beauf-attitude s’était, à partir de ce moment-là, entièrement emparée de notre dressing. C’était officiellement la porte ouverte à tout, et surtout n’importe quoi.
Alors on a continué à pousser le délire encore plus loin. Jusqu’à ce que le ringard domine complètement la mode - c’est donc cela, le metaverse ? -. Faites entrer les Crocs, pantacourts et toute l’artillerie lourde du laid. Et puisque la vilainerie n’est jamais finie, pourquoi n’irions-nous pas nous habiller dans le temple de la beauferie ? Nous avons nommé : les boutiques de souvenirs.
La suite, vous la connaissez. Voilà maintenant des mois que l’on s’habille aux couleurs du monde entier. T-shirt "I LOVE NY", débardeur "ITALIA", maillot de foot du Brésil… La moindre promotion pour une ville ou un pays est bonne à porter. Et ce, même si on n'y a jamais été. On s’en fou, tant que c’est stylé. À croire que les Jeux Olympiques nous sont montés à la tête avant même de commencer.
Comment l’adopter ?
En bon haut décomplexé, le top de touriste s’associe avec bon nombre de nos bas. Un jean, un pantalon large, un jogging, un legging, un short… Il n’y a pas vraiment de règles. Pourquoi il y en aurait-il ? On les a déjà toutes brisées. Chacun y va de son originalité. On le croise souvent sorti et beaucoup trop grand, dans une tenue décontractée. Mais il ne s’arrête pas à nos journées : il nous suit jusqu'en soirées. Il n’a pas peur de s’associer avec une mini-jupe et des talons à plateforme… Après tout, il n’y a plus de codes. C’est le metaverse.
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