Il ne se passe pas un jour sans rebondissement dans l'affaire des viols de Mazan. Alors que des douleurs intestinales avaient forcé Dominique Pelicot - principal accusé - à se rendre à l'hôpital, il a aujourd'hui comparu à la barre pour témoigner. Interrogé par le président, il a reconnu l'ensemble des faits. Il admet ainsi avoir drogué son épouse pour la violer et l'offrir à des dizaines d'hommes trouvés sur internet.
"Je suis un violeur, comme tous les coaccusés présents dans cette salle"
Cette déclaration ne pourrait être plus claire. Dominique Pelicot reconnaît l'ensemble des accusations et a conscience de la gravité des faits. Il implique avec lui les autres accusés du procès qui étaient, selon lui, parfaitement conscients de ce qu'ils faisaient. "Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", a-t-il simplement déclaré, mettant à mal la défense des avocats, qui appuyaient sur l'ignorance de certains accusés et le caractère prétendument involontaire du viol.
En ce qui concerne les vidéos des viols, D.Pelicot a évoqué de la "perversion", motivée par un "certain plaisir". Il a également déclaré que ces vidéos étaient une sorte d'assurance pour lui, assurance qui permet aujourd'hui d'identifier les auteurs des viols.
Il termine sa déclaration avec des excuses, assurant que son épouse ne "méritait pas ça" et assure avoir été heureux pendant toute sa vie maritale. Il assure également n'avoir "jamais touché à ses enfants et petits enfants".
Pendant toute la déclaration, Gisèle Pelicot a soutenu le regard de son mari sans vaciller. Elle a remis ses lunettes à la fin de la prise de parole.
Une victime devenue bourreau
Dans le cadre d'un interrogatoire sur sa personnalité, D.Pelicot a confessé avoir été victime de viol à l'âge de 9 ans. On l'aurait également forcé à assister à une scène de viol à l'âge de 14 ans. Des traumatismes évidents, mais qui ne justifient en rien les agissements du septuagénaire. Cette déclaration, entrecoupée de larmes, se termine par "Aujourd’hui je maintiens qu’avec les obligations que nous avons tous, je suis un violeur, comme tous ceux qui sont dans cette salle. Ils ne peuvent pas dire le contraire."
Est-ce que cette déclaration peut changer l'issue du procès et le cas des autres coaccusés ?
Les interrogatoires sur l'affaire et la prise de témoignage vont durer toute la journée pour D.Pelicot, mais naturellement, il pourrait y avoir une répercussion sur la peine des autres accusés. Si pour l'opinion publique, le sort de Pelicot est d'ores et déjà scellé, celui des autres hommes, les "Messieurs tout le monde" reste en suspens.
On a pu se rendre compte au fil des différentes prises de parole des avocats, qui tentent par tous les moyens de prouver que leurs clients n'avaient pas réellement conscience de violer G.Pelicot et qu'ils la pensaient consentante. La déclaration de l'ex-mari de la victime pourrait pousser les différents avocats à revoir leur argumentaire, surtout si l'organisateur principal des viols assure que chaque homme ayant posé la main sur son ex-femme était au courant de la situation.
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