En 1978, Gisèle Halimi portait la parole des femmes violées devant les tribunaux, à une époque où la loi française ne reconnaissait pas le viol comme un crime. En 2024 le cas de Gisèle Pelicot ouvre le procès de la culture du viol. 

Ce samedi, près de 10 000 personnes se sont réunies à travers la France pour exprimer leur soutien à Gisèle Pelicot, victime de soumission chimique par son mari pendant près de 10 ans.  Ces manifestations ne sont pas seulement en soutien à la victime, mais aussi en soutien à toutes les victimes de violences sexuelles. 

En descendant dans la rue, ces milliers de personnes disent arrêter au silence et dénoncent les tabous entourant la culture du viol. Le procès de Gisèle Pelicot représente un éveil des consciences sur les injustices subies par des milliers de victimes : cette mobilisation massive marque une étape importante dans la lutte contre les violences sexuelles et la société patriarcale. 

 
 
 
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Des manifestations qui sonnent comme un cri de révolte 

Après une vague de soutien immense sur Internet, c'est près de 10 000 personnes qui se sont rassemblées ce samedi 14 septembre en soutien à Gisèle Pelicot mais aussi à toutes les victimes de violences sexuelles. « 1 viol toutes les 6 minutes » « Je suis Gisèle », « Je choisis toujours l'ours » : autant de pancartes fièrement affichées pour exprimer l'exaspération. L'affaire Mazan a fait l'effet d'un vrai tremblement de terre, éveillant les consciences au sujet d'une société beaucoup trop violente avec les femmes. 

" Cette affaire est à l'intersection de tout ce que les associations dénoncent depuis des années. Maintenant, il faut des actes", a écrit récemment un collectif féministe dans une tribune pour Libération.

Une affaire qui dépasse les frontières françaises 

L'histoire tragique de Gisèle Pelicot a provoqué une onde de choc bien au-delà des frontières françaises : ce samedi, des manifestations en soutien à la victime ont eu lieu en Belgique. Sur les réseaux sociaux, l'affaire a également rapidement pris une ampleur internationale, provoquant des réactions d'indignation aux États-Unis, en Angleterre, en Espagne, et dans de nombreux autres pays.

Cet élan mondial de solidarité souligne l'ampleur du problème des violences sexuelles, mettant en lumière la nécessité d'une prise de conscience collective. 

 

Une culture du viol encore très ancrée

Ce n'est pas qu'une affaire de petite ville française, il s'agit d'un réel problème social qui touche directement aux structures de la société. Tous les problèmes déclarés par les féministes depuis des années sont présents dans ce procès : viol conjugal, soumission chimique, figure de père de famille, incompétence médicale sur le sujet des violences sexuelles. 

Les associations féministes se battent pour changer cette culture du viol présente dans notre société. En France, la moitié des viols sont des viols conjugaux et 20% des hommes pensent que forcer sa partenaire à avoir une relation sexuelle, ce n'est pas du viol.

Victoire Tuaillon, journaliste féministe explique l'omniprésence de la culture du viol dans notre société : "La masculinité, ça vient aussi avec l'idée que les femmes sont au service des hommes en particulier les femmes de l'entourage (...) et que les femmes doivent de l'attention, du sexe, du plaisir aux hommes. C'est toute cette culture-là qu'il faut changer, c'est pour ça qu'on parle de culture du viol". 

La fin du tabou autour des violences sexuelles ? 

Ces manifestations sont aussi le symbole d'une parole qui se libère. L'affaire récente des accusations d'agressions sexuelles qui visent l'Abbé Pierre depuis juillet montre que depuis bien trop longtemps, les femmes se taisent par peur, peur ne pas être crues, peur de devoir endurer des procédures épuisantes et encore trop peu  efficaces pour les affaires de violences sexuelles. 

Dans le cortège Parisien se trouvait  Charlotte Arnould qui a porté plainte contre Gérard Depardieu pour viol et contre lequel le parquet de Paris a requis un procès, ou encore Camille Kouchner, auteur du livre La « Familia grande » qui dénonce l'inceste commis sur son frère du politologue Olivier Duhamel. Des femmes qui ont osé prendre la parole face à des hommes puissants qui bénéficient souvent d'une impunité

Ce procès médiatisé et largement soutenu à travers la France mais aussi dans le monde va permettre d'éveiller les consciences. En refusant un procès à huis clos, Gisèle Pelicot espère changer la honte de camp et au vu des différents mouvements de solidarité, il faut croire que ça fonctionne.  

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Tags : violence, News, féminisme