Donald Trump au pays des masculinistes : les réseaux sociaux comme levier de propagande

Alice Legrand 10 septembre 2024

À l’approche de l'élection présidentielle qui aura lieu début novembre aux États-Unis, l’ex-président Donald Trump est sur tous les fronts pour espérer son retour au pouvoir.

En politique, il existe une stratégie très courante qui consiste à attirer les jeunes. On se souvient de Jean-Luc Mélenchon qui se faisait remarquer sur TikTok… Ou plus récemment de Kamala Harris qui ne cesse les références à la pop culture et les clins d’œil on ne peut moins discrets à la Génération Z.

Si depuis le retrait de Joe Biden, la candidate américaine est favorite pour les prochaines élections, son concurrent direct, Donald Trump, ne loupe pas une occasion de se faire remarquer - il reste fidèle à lui-même, finalement. Après avoir accusé Kamala d’être devenue noire pour récupérer les votes de la communauté afro-américaine, il se rapproche désormais dangereusement d’un groupe extrémiste dont nous vous avons déjà parlé plusieurs fois ici : les masculinistes

Qu’est-ce que le mouvement masculiniste ?

Pour rappel, ceux qu’on surnomme "les mascus" sont des hommes, souvent de moins de 30 ans, qui entretiennent une haine violente des femmes. Inquiets pour leur virilité et leur place d'homme alpha dans la société, ils ont peur de se faire un jour dominer par les féministes. Dommage pour eux, ça n'arrivera pas tout de suite, tout d'abord puisque les féministes ne cherchent pas la supériorité, mais bien l'égalité, et qu'en tous les cas, elles en sont encore loin.

À l'intérieur du mouvement masculiniste, il y a différents groupes qui se dessinent : les incells, qui jugent les femmes responsables de leur célibat - alors que c'est juste leur comportement violent qui les fait fuir - et les philogynes, qui eux s'amusent à draguer en masse sans aucune once de respect et de considération pour leurs "proies". Le pire c'est qu'après, ils s'en vantent et se félicitent entre eux sur des forums Discord.

Bref, ils sont très forts pour normaliser la misogynie, le sexisme, - parfois même le viol - et l’idéologie de l’extrême droite, raciste et transphobe. Appuyée par les algorithmes des réseaux sociaux, leur portée est plus large qu'on ne l'imagine.

Trump qui rejoint le mouvement masculiniste, c’est évidemment une mauvaise idée

On connaissait l’ancien président des États-Unis déjà très virulent avec les femmes. En effet, Trump n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir publié à plusieurs reprises des messages sexistes sur les réseaux sociaux - et en particulier sur son fameux compte Twitter, dont il a d’ailleurs été banni pour ces raisons, entre autres -, il s’est également opposé au droit à l’avortement et a voté pendant son mandat plusieurs mesures très restrictives pour les femmes.

Cet été, Trump a été aperçu dans l’un des streams d'Adin Ross, un jeune homme de 23 ans très proche d’Andrew Tate, l’un des tops influenceurs masculinistes. Enfin, "aperçu" est un grand mot puisque l’ancien chef d’état est quand même resté plus d’une heure à l’écran, alternant entre moqueries sur ses concurrents politiques, confessions sur ses dernières polémiques ou encore offrant des cadeaux à gogo. "Les gars, vous avez une grosse décision à prendre en novembre", a conclu Adin Ross, ajoutant clairement d’aller voter pour la bonne personne, "c’est à dire Trump".

Et l'homme politique ne s’arrête pas là, puisqu’il s’est également rendu sur les chaînes Youtube de Logan Paul ou de Theo Von, un comédien qui ne cache pas ses idées conservatrices. Pour ces influenceurs, recevoir Trump ou même J.D. Vance, le potentiel vice-président aux côtés de Donald Trump, est un véritable coup de pub et une façon certaines de faire des vues. Un deal gagnant-gagnant, donc. 

Une stratégie de campagne présidentielle bien rodée

On se doute fortement que les hommes masculinistes ne vont pas voter pour Kamala Harris, qui est progressiste et contemporaine dans son approche - tout l’inverse de ces hommes, donc. Par contre, on avait un espoir pour qu’ils se votent pas du tout, et cette tentative de séduction de la part de Trump pourrait bien renverser la tendance.

Alors que les temps de parole sont comptés lors des campagnes présidentielles, afin de garantir une pluralité des partis à l’antenne, les canaux internet sont encore trop peu surveillés. C’est notamment ce qui était reproché aux journalistes-youtubeurs Hugo Décrypte ou Gaspar G lors de la dernière élection présidentielle en France.

"Make America Great Again". Ce slogan bien connu que l’homme blanc à la chevelure de feu n’a cessé de marteler durant son premier mandat plaît étrangement à la communauté masculiniste. Si les influenceurs de ce groupe répandent l’idéologie de Trump à coup de streams sur internet et de posts réfléchis sur les réseaux sociaux, c’est pour convaincre un électorat bien précis : les hommes de moins de 30 ans, qui ne sont pas nombreux à s'informer sur les chaînes d’info traditionnelles.

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Tags : homme, féminisme, Politique

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